Zitoun, seul contre tous

 

S’il y a une personne qui ne cesse de susciter une polémique inégalable, c’est bien Lotfi Zitoun, conseiller politique du chef du gouvernement. M. Zitoun vient d’éclabousser la scène politique à travers des déclarations tonitruantes n’épargnant personne. Ce comportement agressif et querelleur vis-à-vis des tous ceux qui ne partagent pas les mêmes idées que lui pose plus d’une question sur les vraies intentions de cet homme polémiste qui mène seul une guerre sans merci contre tout ce qui bouge. Que veut donc M. Lotfi Zitoun?

Contrairement à la plupart des ministres du gouvernement Jebali qui travaillent en toute discrétion, l’artisan de la politique médiatique du gouvernement, M. Zitoun, préfère toujours être au-devant des scènes médiatique et politique. Il veut être toujours sous les feux de la rampe. Il ne veut plus se mettre au diapason. La dernière guerre acharnée contre les médias et particulièrement contre le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), montre sans aucun doute que le conseiller spécial du Premier ministre et l’enfant chéri du mouvement Ennahdha, particulièrement de son chef Rached Ghannouchi, est en train de régler d’anciens comptes. Et ne dit-on pas que la meilleure défense c’est l’attaque ? Mener une grande campagne bien orchestrée contre les médias semble être la meilleure solution pour se défendre face aux critiques incommensurables de tout le gotha médiatique.

Le gouvernement Jebali, qui ne cesse de susciter les polémiques à travers des nominations arbitraires et unilatérales à la tête des établissements médiatiques étatiques, veut à travers le comportement hostile de M. Zitoun, détourner l’attention des professionnels du secteur ainsi que l’opinion publique des vraies questions et des grands défis auxquels doit faire face le pays. Ce faux débat créé par M. Zitoun et ses partisans, très actifs sur les réseaux sociaux, n’a pour objectif que de faire diversion quant à la situation très tendue à cause des choix discutables voire arbitraires du gouvernement.

Mission accomplie. Durant des semaines et jusqu’à aujourd’hui, le dossier d’indépendance des médias est encore à l’ordre du jour et ne cesse d’alimenter le débat.

Mieux encore, Lotfi Zitoun, à travers la démonstration de force lors des meetings et manifestations organisés sans l’aval d’un ministère de l’Intérieur adoptant une politique de deux poids deux mesures, ne rate jamais l’occasion de dénigrer les médias, les qualifiant même de «nauséabonds».

A Tunis, à Sfax, à Mahdia… là où il passe, il laisse des traces. Son comportement fait toujours jaser. Il ne manque aucune une occasion pour tirer à boulets rouges sur les journalistes, lui qui a toujours rêvé d’être à la tête d’un empire médiatique. Il n’est pas aussi difficile de comprendre quel but se cache derrière cette cabale systématique contre les médias tunisiens, menée par le «patron anglais» de la chaine Zitouna TV, et ce, d’après une enquête menée par le journal électronique Business News.

M. Zitoun, membre très actif du parti islamiste, semble avoir l’intention d’entamer la campagne électorale de son parti. En qualifiant les médias de «forces contre-révolutionnaires,» il veut mettre en doute la crédibilité et l’impartialité des journalistes vis-à-vis des autres partis politiques. La bataille électorale a déjà commencé pour le parti au pouvoir qui aspire et se voit d’ailleurs encore à la tête du pouvoir durant plusieurs années, comme l’a affirmé M. Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères.

Créer une crise de confiance envers les médias au sein de la société, permet aisément à M. Zitoun et aux partisans de son parti de bien manipuler les électeurs. Battre les médias serait le premier pas vers la victoire.

Les médias qui, dans leur majorité, veulent garder leur indépendance et échapper aux tentatives inlassables de mainmise gouvernementale ne semblent plaire ni à M. Zitoun ni à ses supérieurs. Ces médias qui sont toujours considérés comme porte-parole de l’opposition, Lotfi Zitoun ne les a-t-il pas qualifiés de «substituts de l’opposition» ?

Il est clair aujourd’hui que le jeu que mène Lotfi Zitoun est d’une immense gravité. Exhorter les gens à manifester massivement contre les médias en scandant des slogans appelant à la haine et à la division, tandis que son gouvernement, toujours allergique à toute revendication, ne fait qu’alimenter l’inquiétude et la crainte au sein de la société quant aux intentions réelles de M. Zitoun et de son parti.

Par Mohamed Ali Ben Sghaïer

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