Plusieurs intervenants ont participé activement au débat exprimant des réflexions différentes et parfois des inquiétudes et des déceptions vis-à-vis des attentes et des défis à relever.
UE : un soutien insuffisant pour relever les défis
M. Tahar Sioud, fin connaisseur des accords UE-Tunisie a fait un exposé introductif pour exprimer ce que pense l’opinion publique. En effet, celle-ci a une mauvaise perception du soutien apporté par la Commission européenne au processus transitionnel que connaît notre pays à savoir l’insuffisance de l’aide financière accordée à la Tunisie pour lui permettre de faire face aux difficultés économiques qui découlent de l’après-révolution.
C’est pourquoi, il convient de lever les malentendus et de faire disparaître les incompréhensions. Il s’agit en somme d’atténuer les appréhensions qui découlent de cette situation. Il est vrai que la Tunisie traverse une crise profonde et qu’elle a besoin d’un soutien renforcé pour sortir de l’impasse financière et économique qui découle du processus transitionnel. C’est pourquoi, l’aide classique de l’UE doit être renforcée pour être efficace et permettre de relever les défis majeurs qu’affronte le pays.
Certes, il y a des négociations en cours pour ce qui est de la zone de libre échange et de la mobilité. Il faut espérer qu’elles aboutiront à des résultats satisfaisants.
Une ligne de crédit de 350 ME pour les PME
M. Alexandre Zafiriou, conseiller auprès de la Délégation européenne à Tunis a fait un exposé pour affirmer que les relations entre l’UE et la Tunisie sont à long terme et les négociations en cours permettront d’aboutir à un partenariat privilégié et à la mise en place d’un plan d’action.
Nos relations sont exemplaires et doivent être inscrites dans un cadre maghrébin et régional pour répondre au mieux aux besoins. Des solutions politiques à caractère régional doivent être trouvées pour faire face aux défis sécuritaires. Un système régional et collectif de sécurité doit être mis en place afin de permettre l’accès à des solutions spécifiques.
L’UE a produit un document en date du 17 décembre 2012 intitulé “processus d’intégration en faveur de la stabilité et de la sécurité dans la région”, qui implique l’approfondissement des relations entre les pays maghrébins.
En effet, le Maghreb est la région la moins intégrée au monde. Des travaux et des études faites par l’UE ont permis d’établir des pistes de coopération pour l’avenir. Il s’agit de la sécurité, de l’énergie de la mobilité, de l’eau et de la sécurité civile. Cela permettra à travers des thématiques sectorielles d’établir des relations renforcées. L’UE assume un rôle de catalyseur.
Pour ce qui est des moyens, il y a une recherche en cours à Bruxelles pour mobiliser des mécanismes financiers différents, afin de les rendre cohérents entre eux et adaptés aux circonstances. Un exercice complexe qui demande du temps pour aboutir. C’est pourquoi, il faut être patient. En attendant la concrétisation, nous devons relever les défis dont les migrations clandestines.
Des négociations structurées sont nécessaires : il y a une volonté politique et une approche sectorielle en vue de parvenir à des solutions.
Il y a aussi la conscience que le traitement des problèmes de sécurité exige un engagement de l’UE de longue durée. Cela implique la mise en commun de différents instruments et donc une approche globale avec un système de coordination. En sa qualité d’acteur global l’UE a pris conscience de ses possibilités et de ses forces. L’apport de l’UE au niveau de la sécurité consiste à renforcer la capacité de ses partenaires par le conseil, la formation et l’information. Les pays partenaires doivent s’approprier la volonté politique de coopérer pour assurer la sécurité dans la région.
Le conseil d’association qui a eu lieu il y a une semaine au Luxembourg s’est déroulé dans une bonne ambiance et provoqué des échos favorables. L’UE vient d’accorder à la Tunisie un crédit de 350 millions d’euros destiné à financer les PME.
Un débat animé et contradictoire
M. Abderrazak Attia, ancien ambassadeur de Tunisie à Bruxelles a rappelé les différentes étapes franchies par le processus de coopération entre la Tunisie et l’UE depuis 1969 : accords commerciaux puis les avantages de 1976, ensuite la zone de libre-échange de 1995 et le processus Euro Med.
Il reste à négocier les services et les produits agricoles. Nous en sommes à la politique de voisinage qui n’est pas encore concrétisée.
M. Hatem Ben Salem, ancien ministre pense que le dernier conseil d’association a été marqué par l’absence du ministre tunisien, ce qui pourrait signifier un soutien insuffisant de l’UE à la Tunisie. Les deux ministres des Affaires étrangères de la France et de l’Allemagne sont aujourd’hui à Tunis, ils sont sûrement porteurs de bonnes nouvelles et d’ouverture d’esprit.
L’UE a un devoir envers la Tunisie.
M. Abdelwahab El Hani, président du parti El Majd a affirmé qu’il n’y a pas de politique maghrébine commune ni de concertation. Les flux migratoires sont bloqués autour de la forteresse Europe et sont générateurs de souffrances.
Il y a passage à l’émigration choisie : l’Europe accueille la matière grise du sud, ce qui lui convient et refuse les autres. Cela demande révision.
L’invasion française du Mali a engendré plusieurs réactions violentes dont la prise d’otages d’Aïn Aminas.
Ce processus de Barcelone n’a pas engendré le partage de la prospérité.
De son côté, M. Zafiriou a repris la parole pour donner des informations aux participants. Le prêt de 350 millions d’euros est destiné au financement des PME tunisiens.
Le nord et le sud ont un destin commun et le partenariat privilégié représente un saut qualitatif. Les réalités tunisiennes doivent être adaptées aux standards européens. C’est un idéal certes élevé avec des objectifs précis dans le temps. Il s’agit d’un dialogue politique renforcé avec une maturation des rapports et un approfondissement des relations.
Ridha Lahmar