Les révélations de la Cour des Comptes au sujet du financement occulte des dernières campagnes électorales de 2019 – législatives et présidentielle – ont été fracassantes. Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, Youssef Chahed, ancien chef du gouvernement et patron de Tahya Tounes, Ennahdha… Tous ont eu recours à des financements non déclarés pour leurs campagnes électorales.
Dans la rubrique La Mission de La Matinale de Shems FM ce mercredi 11 novembre 2020, on pu en savoir davantage sur ce scandale financier qui, après tout, ne constitue pas une nouveauté. De quoi souligner l’impunité et le manque de transparence qui règnent sur la scène politique tunisienne. Bref, le rapport de la Cour des Comptes a été axé sur les campagnes de 2019. Selon le président de la Cour, Néjib Ktari, plusieurs acteurs politiques ont fait l’objet de l’enquête :
- 26 candidats à l’élection présidentielle
- 1500 listes législatives dont 183 actuellement à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP)
- 16 listes indépendantes.
On apprend que la Cour des Comptes a contacté le département américain de la Justice pour se renseigner sur des financements étrangers. Qalb Tounes a, dans ce contexte, composé avec une agence de communication américaine par le biais d’une transaction de 2,5 millions de dinars, dont 427 500 transférés via un compte à l’étranger non déclaré.
Pour sa part, toujours selon Néjib Ktari, Ennahdha a travaillé avec l’agence de communication BVW entre 2014 et 2018. En 2019, elle a changé de prestataire de services. « Nous avons détecté un compte bancaire ouvert à l’étranger qui a servi aux transactions », a-t-il assuré.
Des questions sans réponses
Où est l’ISIE (Instance Supérieure Indépendante pour les Élections) dans tout ce brouhaha ? Elle qui a toujours brandi la menace d’annuler les résultats pour les listes gagnantes en cas d’infraction. Intervenant dans la même émission, Nabif Baffoun, président de l’ISIE, a assuré que plusieurs informations obtenues par la Cour des Comptes sur les financements étrangers proviennent des PVs de l’ISIE. Plus encore : il affirme que l’Instance était au courant du contrat signé entre le candidat Nabil Karoui et l’agence de communication américaine. « Nous avons envoyé une correspondance au ministère des Affaires Étrangères afin de l’amener à contacter le département américain de la Justice. Nous voulions obtenir de plus amples informations. On nous a expliqués qu’une enquête est en cours », a-t-il expliqué.
Il faut dire que les explications du président de l’ISIE sont peu convaincantes. Ce n’est pas la première fois que la question des affaires de financements étrangers a été soulevée en Tunisie. Mais à chaque reprise, la question est jetée aux oubliettes, renforçant ainsi l’impunité qui règne dans notre pays. L’autre question qui se pose est relative au rôle de la BCT (Banque Centrale de Tunisie). Où était l’institution d’émissions pendant tout ce temps ? N’était-elle pas au courant des transferts douteux en devises ?
F. K