Le siège social de BNA Assurances a accueilli lundi 23 juin 2025 un séminaire centré sur l’expertise des pneus en cas de sinistre, intitulé « Un pneu peut tout changer : analyser avant de juger ». Ce rendez-vous technique et pédagogique s’est adressé aux professionnels du secteur de l’assurance, de la mécanique et de l’expertise automobile, désireux de renforcer leurs compétences en matière d’analyse post accident.
Loin des séminaires généralistes, cette rencontre s’est voulue spécifique, technique et prospective, autour d’un thème souvent sous-estimé : le pneu en tant qu’indicateur essentiel lors d’un sinistre routier.
L’intervention principale a été assurée par le Pr. Dr. Johann Schloegl, éminent expert en ingénierie automobile et en dommages aux pneumatiques, dont les travaux font autorité en Europe. Avec pédagogie et précision, il a partagé son approche scientifique de l’analyse post accident, en s’appuyant sur des cas concrets, des coupes de pneus endommagés, des schémas de déformation et des simulations.
« Trop souvent, les pneus sont ignorés dans les constats d’accidents. Pourtant, ils peuvent livrer des informations clés : perte de pression progressive, éclatement soudain, traces d’impact latéral ou frontaux, défauts de fabrication… Chaque indice a sa signification, et seul un œil formé peut le lire correctement », a souligné le professeur.
Il a également détaillé les différents types de dommages, les outils d’analyse, et les erreurs les plus fréquentes lors de l’évaluation, notamment dans des contextes juridiques ou d’expertise contradictoire.
Autre moment fort du séminaire : la prise de parole de Samir Touil, ingénieur et expert chez BMW, spécialiste des voitures électriques, moteurs et batteries. À travers une intervention à la fois technique et contextualisée, il a attiré l’attention sur une réalité encore peu connue en Tunisie : les spécificités des pneumatiques pour les véhicules électriques.
« Les voitures électriques exercent une pression différente sur les pneus : elles sont plus lourdes, délivrent un couple immédiat, et sollicitent davantage les bandes de roulement. L’usure est souvent plus rapide et plus difficile à détecter pour un œil non averti », a-t-il expliqué.
Samir Touil a aussi abordé la réalité du marché tunisien, où les méthodes de réparation sont souvent empiriques, voire risquées. Il a mis en évidence la nécessité d’une formation continue, d’une mise à jour des normes et d’un investissement dans des outils adaptés.
« En Tunisie, entre la vulcanisation à froid par mèche, souvent utilisée à tort pour des dommages internes, et la vulcanisation à chaud par rustine, qui reste la plus fiable si bien exécutée, il faut former les professionnels à faire le bon choix. Un pneu mal réparé peut être un danger mortel sur autoroute », a-t-il insisté.
63,9 % des accidents liés aux crevaisons : un chiffre qui alerte
Au-delà des interventions, les chiffres évoqués ont eu un effet électrochoc. Selon les données de l’Association Tunisienne de la Route et de la Prévention (ATRP), près de 64 % des accidents de la route seraient liés à une défaillance du pneu, souvent par manque d’entretien, pression inadéquate ou réparation inappropriée.
Ce chiffre souligne un triple enjeu; technique, avec une nécessité de renforcer les connaissances des réparateurs et experts, préventif, via des campagnes de sensibilisation sur le contrôle régulier des pneus et surtout réglementaire, en appelant à une normalisation des pratiques de réparation et d’évaluation.
Au carrefour de la sécurité routière, de l’ingénierie et du droit, l’expertise des pneumatiques s’impose aujourd’hui comme un levier stratégique pour les assureurs, les constructeurs, les autorités de contrôle technique et les juges en cas de litige.
BNA Assurances, en organisant cette rencontre, s’inscrit dans une dynamique de professionnalisation du secteur, en faisant de la formation continue une priorité pour ses partenaires et collaborateurs.
Balkis Hadoussa