Face à une situation hydrique de plus en plus critique, marquée par la raréfaction des ressources et l’accentuation des effets du changement climatique, la Tunisie mise sur l’innovation technologique pour répondre aux défis liés à l’eau. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu à Tunis, le 26 juin 2025, l’atelier de lancement du projet TECH-EAU, une initiative conjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et du ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche, à travers le Bureau de planification et des équilibres hydrauliques (BPEH).
Le projet TECH-EAU se donne pour ambition d’explorer et d’évaluer la faisabilité de quatre solutions technologiques innovantes, susceptibles d’optimiser la mobilisation de l’eau et de limiter les pertes par évaporation dans les bassins de retenue, qu’il s’agisse de petits ou de grands barrages. Parmi les pistes envisagées figurent l’utilisation de films monomoléculaires, capables de former une fine couche à la surface de l’eau pour réduire l’évaporation, mais aussi l’installation de panneaux photovoltaïques flottants qui, en plus de produire de l’électricité verte, contribuent à limiter la perte d’eau.
Le projet prévoit également l’ensemencement des nuages, technique déjà testée dans d’autres pays, pour stimuler les précipitations dans des zones ciblées, ainsi que la recharge des nappes phréatiques grâce à la technique des barrages souterrains, offrant une solution durable pour la préservation de l’eau dans les zones arides.
Ces approches novatrices ne se limitent pas à un objectif technique ou environnemental. Elles s’inscrivent dans une logique plus large de transition hydrique et énergétique, en intégrant la production d’énergies renouvelables, tout en s’adaptant aux contraintes spécifiques de la Tunisie : climat semi-aride, pression sur les barrages, inégalités régionales d’accès à l’eau, et limites des infrastructures hydrauliques. TECH-EAU constitue ainsi un projet-pilote à forte valeur stratégique, conjuguant science, durabilité et innovation, dans une démarche résolument tournée vers l’avenir.
Lors de son intervention, le Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture a mis en avant le rôle déterminant des partenariats institutionnels et de la recherche scientifique. Il a souligné que face aux enjeux de pénurie, il devient impératif de mobiliser les compétences techniques, d’encourager l’expérimentation et de renforcer les synergies entre les acteurs publics, les institutions scientifiques et les bailleurs de fonds internationaux. Pour lui, la transition vers une gestion plus durable et plus résiliente des ressources en eau ne peut se faire sans un appui solide à l’innovation et à la coopération.
De son côté, Mohamed Amrani, représentant de la FAO en Tunisie, a salué le lancement de ce projet, qui illustre l’engagement de l’organisation à soutenir des initiatives concrètes et innovantes au service des communautés. Il a insisté sur l’importance de mettre en œuvre des expériences pilotes pouvant faire école et servir de modèle à d’autres pays confrontés aux mêmes défis. Selon lui, les bénéficiaires finaux de ces innovations doivent être en priorité les agriculteurs, pour lesquels l’eau est un facteur de production vital et de plus en plus incertain.
L’atelier de lancement a également permis de rassembler plusieurs acteurs clés de la gestion de l’eau en Tunisie, parmi lesquels la Société d’Exploitation du Canal et des Adductions des Eaux du Nord (SECADENORD), la Direction Générale de la Production Agricole (DGPA) et la Direction Générale de l’Aménagement et de la Conservation des Terres Agricoles (DGACTA). Ces institutions ont pu échanger sur les objectifs du projet, partager leurs expériences de terrain, et identifier les synergies possibles pour garantir la réussite de cette démarche. L’atelier a ainsi offert un cadre propice à des discussions constructives sur les enjeux liés à la gestion intégrée des ressources en eau et sur les voies possibles pour moderniser les systèmes existants.
En réunissant technologie, savoir scientifique, expertise institutionnelle et volontarisme politique, le projet TECH-EAU ouvre la voie à une nouvelle manière de penser la gestion de l’eau en Tunisie. Dans un pays où l’accès à cette ressource devient un enjeu vital pour l’agriculture, l’environnement et le développement, cette initiative incarne l’espoir d’une réponse structurée, durable et inclusive face à une crise hydrique qui ne cesse de s’aggraver.