Le Rapport mondial sur l’écart entre les genres 2025 du Forum économique mondial positionne la Tunisie au 30e rang africain et 123e mondial sur 148 pays étudiés. Avec un score de 0,654, le pays se situe derrière la Namibie (1ère africaine, 8e mondiale, score 0,811) mais devant le Maroc (33e africain, 137e mondial) et l’Algérie (36e africain, 141e mondial).
Le rapport s’appuie sur une méthodologie rigoureuse pour évaluer ces écarts. Il passe au crible quinze indicateurs répartis en quatre domaines fondamentaux : la participation économique, le niveau d’éducation, la santé et survie, ainsi que l’autonomisation politique. Pour ce faire, le WEF agrège des données récentes issues d’organismes internationaux reconnus tels que l’Organisation Internationale du Travail (OIT), l’UNESCO, ONU Femmes, la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La performance de chaque pays est quantifiée par un score allant de 0 à 1, où 1 représente l’atteinte de la parité complète. Ce système permet également d’exprimer les progrès en pourcentage, indiquant dans quelle mesure l’écart a été comblé sur une échelle de 0 à 100%. Ce suivi détaillé est réalisé chaque année depuis 2006, offrant une perspective précieuse sur l’évolution des situations.
Des constats géographiques frappants
Le rapport dessine un tableau clair : les pays d’Afrique subsaharienne surclassent généralement leurs homologues du Maghreb. Cette différence s’explique, selon le document, par des facteurs culturels et sociaux liés aux normes patriarcales établies, aux interprétations religieuses et aux perceptions traditionnelles des rôles attribués à chaque sexe.
La Namibie se positionne en leader incontesté sur le continent africain en matière d’égalité hommes-femmes. Avec un score de 0,811 point, ce pays d’Afrique australe se distingue en étant le seul du continent à figurer dans le Top 10 mondial, atteignant la 8e place. Le Cap-Vert suit, occupant la deuxième position africaine (30e rang mondial), juste devant l’Afrique du Sud (33e rang mondial). Viennent ensuite le Rwanda (39e), le Libéria (40e), le Burundi (44e), l’Eswatini (46e), le Zimbabwe (49e) et le Mozambique (53e). La Tanzanie (55e) clôt ce groupe des dix premiers pays africains les plus performants.
La situation de la Tunisie et des progrès disparates
Concernant notre région, la Tunisie se classe à la 30e place parmi les 41 pays africains étudiés, se positionnant au 123e rang mondial. Le pays se situe derrière la Namibie, mais devance d’autres nations maghrébines comme le Maroc (33e africain, 137e mondial), l’Égypte (34e africain, 139e mondial) et l’Algérie (36e africain, 141e mondial). Ce classement des pays du Maghreb en bas de l’échelle africaine confirme les observations du rapport sur les résistances culturelles et sociales propres à cette zone. Il est par ailleurs à souligner que la Tunisie a reculé de 15 places au classement mondial depuis 2020.
Le rapport identifie également les pays ayant réalisé les plus fortes progressions par rapport à l’édition 2024. Le Bénin se démarque avec un gain de 21 rangs, suivi par la Zambie (+13), le Cap-Vert (+11) et Madagascar (+8). À l’inverse, des régressions sont constatées pour le Togo (-44 rangs), la Sierra Leone (-32), le Mozambique (-26) et le Kenya (-23). Ces variations indiquent que les avancées en matière d’égalité ne sont pas linéaires et nécessitent des efforts constants.
Au niveau mondial, l’Islande maintient sa position de leader incontesté en matière d’égalité des sexes pour la seizième année consécutive, affichant un score de 0,926 point. C’est d’ailleurs le seul pays au monde à avoir franchi le seuil de 90% de parité. La Finlande, la Norvège, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande complètent le Top 5 mondial, soulignant l’engagement de ces nations en faveur d’une société plus équitable et inclusive.