Les Tunisiens sont-ils désagréables?

 

« Etre accueillant, dire bonjour en souriant surtout le matin, est-ce difficile pour les Tunisiens?  Dans le jardin d’enfants où je travaille, les parents répondent à nos bonjours du bout des lèvres, alors qu’on est là pour éduquer leurs enfants. Comment peut-on éduquer un enfant et lui enseigner les bonnes manières alors que ses parents ne disent même pas « bonjour » aux autres. » petite anecdote vécue par M. Ben Gamra, jeune maîtresse de jardin d’enfants.
La situation politique, la crise sociale et le climat de violence et de tensions seront peut être la principale raison d’un profond changement de tempérament chez les Tunisiens. Ils sont devenus moins chaleureux et plus agressifs, c’est ce que les récentes études sociales ont également révélé.
« Sans tomber dans la généralisation, mais, dans les commerces et les administrations, certains employés ne sont pas souriants et répondent d’un air fâché. Dans les cafés et les restaurants, certains serveurs donnent l’air d’offrir une faveur. Pour ce qui est des taxis, il faut se lever très tôt. Déjà pour en arrêter un, il ne faut pas se contenter de le héler…mais il faut que votre destination soit dans sa direction et il ne faut pas attendre une réponse à votre salut. Si tu es, par enchantement, pris à bord, il faudra subir leurs lamentations durant tout le trajet. Pour le reste, il faut s’attendre  à ce que le taxiste vous crie dessus puisque c’est à cause de vous qu’il s’est trouvé dans une situation désagréable, comprendre les embouteillages.
« Je pense  que c’est une question d’éducation et de politesse qui manque vraiment » estime Leila. A. enseignante.  » Moi, ça m’arrive souvent de dire normalement bonjour et de ne pas avoir de réponse. Alors je le répète à tue-tête et là les gens me regardent outrés et me répondent parfois avec un pauvre petit bonjour agacé.  Toutefois, je n’arrêterai  pas de le dire car l’insolence et la politesse sont aussi contagieuses l’une que l’autre. Ce qu’il faut c’est faire en sorte que la politesse l’emporte. »conclut Ahmed, étudiant en gestion.
Contacté par Réalités Online, Khalil Zamiti, sociologue, précise que « ce genre de comportement existe dans toutes les sociétés du monde. En Tunisie, il y a eu une  évolution socio-historique qui a débouché sur la propagation du comportement anomique. L’anomie est en effet une situation de disparition de codes citadins et de règles sociales due à plusieurs facteurs, notamment à la ruralisation des villes. En outre, il y a eu une sorte de banditisme généralisé qui s’est répandu dans la société tunisienne, post-révolutionnaire« . Zamiti estime que « le discours politique, et la situation générale qui règne ont nourri une certaine perversion du rapport avec l’autre, d’où émane tout le côté désagréable. De la disparition des bonnes manières, des règles sociales jusqu’à la propagation de phénomènes encore plus dangereux tels que le vol, les braquages, les agressions etc. »
En définitive, se forger une personnalité agréable ou avoir une vie sociale animée n’est pas sorcier. Il suffit de mettre ses craintes de côté, être tolérant, s’ouvrir aux autres, sourire, surmonter le manque de confiance en soi et en l’autre.

Wejden Jelassi 

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