L’ISIE a (enfin) son président : y aura-t-il d’autres crises ?

Adel Brinsi, membre de l’ISIE.

Après des semaines de reports et de désaccords, l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) a enfin son président : Mohamed Tlili Mansri a été élu par les députés de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) avec 115 voix. Voilà qui met donc fin à un épisode volcanique, sans doute parmi les plus difficile que l’ISIE ait connu, mais également pour la démocratie tunisienne.
Des rumeurs ont circulé, mardi 14 novembre, sur la possibilité d’une vague de démissions au sein de l’Instance si Mohamed Tili Mansri venait à être élu. « Faux », répond à Réalités Online ce mercredi 15 novembre 2017 Adel Brinsi, membre de l’Instance. « Il ne s’agit que de rumeurs », nous dit-il, rejoignant les propos du nouveau président de l’ISIE qui s’est exprimé pour la première fois en tant que tel dans Midi Show le même jour. « L’ISIE a été prise pour cible a plusieurs reprises. A présent, il faut s’occuper des prochaines échéances électorales, à savoir les municipales et les législatives partielles d’Allemagne », déclare Adel Brinsi.

L’intérêt du pays requiert des municipales en mars 2018

Mohamed Tlili Mansri, nouveau président de l’ISIE

Brinsi et le nouveau président ont estimé, par ailleurs, que la date du 25 mars 2018 pour la tenue des municipales est possible. « Les revendications des partis politiques sont satisfaites à 90%. Le code des collectivités locales devrait être prêt d’ici décembre prochain, selon le porte-parole de l’ARP. Les tribunaux administratifs sont prêts au plan régional. Désormais, il n’y a plus d’excuses. L’intérêt du pays requiert la tenue des élections en mars 2018 », nous assure Adel Brinsi, tout comme l’a fait Mohamed Tlili Mansri dans Midi Show. « Je tends la main à tout le monde », déclare ce dernier, qui assure que le travail sera mené dans le cadre de la loi et du respect des pouvoirs. Le nouveau président rappelle, d’un autre côté, que la loi électorale exige une majorité des deux tiers pour élire un président, ce qui implique, inévitablement, un consensus entre les blocs. Est-ce une manière dissimulée pour Mansri de souligner la part de responsabilité des partis politiques dans le retard accusé par les élections ? Possible.

« Rétablir la confiance »

Chafik Sarsar, ancien président de l’ISIE.

L’autre intervention à retenir de Midi Show de ce mercredi est celle de Chafik Sarsar, ancien président de l’ISIE. « Êtes-vous à l’origine de la crise de l’ISIE ? » Réagissant à cette question, le professeur en Droit déclare que les raisons sont « autres et plus profondes ». « Ce que j’ai affirmé est vrai. Certaines garanties étaient absentes : une instance ne peut se permettre de violer la loi alors qu’elle est sa garante, Elle ne peut non plus violer la démocratie alors qu’elle est censée protéger les libertés et les droits », dit-il.
Aujourd’hui, poursuit l’ancien président de l’ISIE, une étape s’est achevée, une autre vient de commencer. L’Instance, selon Chafik Sarar, a véhiculé une image de tension. Elle tourne en rond. Il est question, à présent, de rétablir la confiance. Pour ce faire, il préconise la mise en place d’un plan clair. La tenue des élections municipales en mars 2018 constitue une nécessité pour Chafik Sarsar. C’est tout à fait faisable, selon lui : « Les élections présidentielles et législatives peuvent s’organiser en 3 mois dans des cas exceptionnels. Il s’agit de la même chose pour les municipales : il est possible de les organiser en mars 2018, à condition de prendre notre courage à deux mains et d’avancer par étapes », explique-t-il encore.
L’heure n’est plus aux calculs politiques. La crise qui a secoué l’ISIE constitue la preuve de la dépendance de notre démocratie naissante du bon vouloir de certains partis politiques.
La politique de la main tendue du nouveau président de l’ISIE est, pour sa part, un point positif.
Deux questions peuvent se poser à présent : les municipales seront-elles maintenues pour mars 2018 ? A quels autres obstacles l’ISIE va-t-elle être confrontée ?

Fakhri Khlissa

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