Depuis plus de 6 mois nous avons remarqué qu’il y a eu des progrès sensibles dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Ces efforts sont certainement louables certes, mais il reste beaucoup à faire pour le nouveau gouvernement qui va bénéficier d’un atout majeur : la stabilité.
Quelles mesures prendre dans l’immédiat et à moyen terme pour se prémunir du terrorisme ?
Pour faire bref, nous n’allons pas revenir sur les tenants et les aboutissants de ce phénomène, chose que nous avons longuement étayée au cours de nombreux numéros de Réalités. Les mesures à prendre dans le court terme sont les suivantes et sont d’ordre purement sécuritaires :
Unifier le commandement des opérations anti-terroristes entre la Police, la Carde nationale et l’Armée et centraliser les informations afin de conduire des opérations ciblées et réussies ;
Fixer un centre d’appel gratuit et permanent afin de dénoncer toute personne et véhicule suspects toujours avec un seul point central.
Contrôler les flux d’accès des médias sociaux qui recrutent les jeunes et les esprits égarés pour les enrôler dans le terrorisme et découvrir les responsables de ces recrutements.
Toutes les personnes présumées terroristes, rentrées de pays en état de guerre (Syrie, Libye, Irak) doivent être mises sous étroite surveillance et engager un programme d’insertion sociale et un soutien psychologique.
Frapper fort les réseaux de contrebande qui nuisent à la fois à l’économie nationale mais, et surtout, qui financent et soutiennent, pour certains, le terrorisme sous couvert que c’est un moyen de subsistance.
Créer des zones de libre échange sur nos frontières afin de réduire le flux de personnes et insérer l’économie parallèle dans l’économie réelle.
Sur toutes nos lignes frontalières aussi bien libyennes qu’algériennes, veiller à impliquer les habitants dans la surveillance du territoire et dans une véritable économie qui valorise leurs territoires.
Contrôler les lieux de culte par le ministère des Affaires religieuses et veiller à les épurer des éléments radicalistes.
D’autres mesures qui ne sont pas d’ordres sécuritaires peuvent, à moyen terme, réduire ce phénomène qui prend de l’ampleur. Elles ont trait au développement du sens civique, citoyen et un meilleur accès à la culture et aux loisirs.
Il serait grand temps de consacrer une véritable réflexion stratégique sur ce que nous pouvons appeler le « projet citoyen ». Celui à même de développer, à travers des initiatives à la fois étatiques et de la société civile, le sentiment d’appartenance à la Tunisie.
Aussi, pensons-nous, il est important d’engager sans tarder une réforme de l’éducation et de réviser le système pédagogique dans nos écoles devenu désuet et vide de sens civique.
Le constat est aujourd’hui amer quand on voit ce qu’est devenu l’enseignement à tous les échelons : préparatoire, primaire, secondaire et universitaire. Les lacunes sont essentiellement pédagogiques doublées d’un dégoût quasi général des élèves envers l’enseignement.
Il est grand temps de se rendre à l’évidence que les mesures sécuritaires ne peuvent venir à bout que de la partie émergée du phénomène terroriste, mais n’engagent aucunement des mesures à même de le couper à la racine ! A bon entendeur… !
Fayçal Chérif