Le tragique naufrage de Kerkennah est encore sur toutes les langues. Des témoignages chocs des rescapés, rapportées par Shems FM ce mercredi 6 juin 2018, mentionnent les atrocités subies par les migrants durant leurs traversées périlleuses de la Méditerranée.
L’embarcation de dimanche 3 juin 2018, qui a coûté la vie à plus de 60 personnes (jusqu’à présent) n’était, en fait, qu’un sacrifice pour laisser passer d’autres. Les passeurs font partie, semble-t-il, d’un réseau mafieux qui a fait de la migration clandestine son gagne-pain.
Une embarcation comme celle du dimanche sert d’appât pour attirer les policiers, et ce dans l’objectif de détourner leur attention d’autres embarcations plus importantes, où les migrants ont sans doute payé plus cher pour profiter de leur « classe affaire » de la mort.
Le bateau sacrifié est, d’une manière générale, dans un état déplorable. Il est envoyé pour naviguer pendant environ une heure, le temps de s’éloigner des côtes et des autres embarcations. L’alerte au naufrage est parfois donnée par les complices des passeurs eux-mêmes, histoire d’accélérer l’acheminement des sécuritaires sur les lieux du drame et de les occuper. Un véritable business en somme.
Des révélations chocs qui montrent les conditions inhumaines de ces traversées. En d’autres termes, on envoie à la mort des gens, profitant de leur misère, juste pour faire du profit.
Une opération bien orchestrée
Un autre témoignage d’un rescapé a été rapporté par Mosaïque FM ce mercredi. « Salah » (pseudonyme du rescapé) a affirmé que les migrants se sont rendus sur l’île de Kerkennah une semaine avant le départ. Ils ont été logés dans une maison louée par les passeurs.
Une fois arrivée sur la plage, les migrants ont été accueillis par des hommes cagoulés, chargés de les embarquer sur le bateau. « Il y avait énormément de personnes, le bateau était surchargé. Les gens ont continué à affluer massivement. Malgré la surcharge, le capitaine a continué à en accueillir et ce malgré les appels incessants des migrants pour tout arrêter », a-t-il dit.
En navigant, le moteur du bateau était tombé en panne, ce qui a semé la panique parmi les migrants. Le capitaine, selon Salah, s’est voulu rassurant, affirmant que la panne sera réparée sous peu, mais c’était un leurre : l’eau a commencé à s’infiltrer et la panique a atteint son paroxysme. Les migrants ont appelé le capitaine à les rapatrier sur l’île de Kerkennah et à contacter les secours. C’est là où il a décidé de faire chavirer l’embarcation pour, par la suite, prendre la fuite en emportant le seul gilet de sauvetage disponible selon Salah.
Sur place, seules 35 personnes selon le rescapé ont pu s’accrocher à ce qui restait du bateau. Ils étaient entourés des dépouilles des migrants qui se sont noyés suite à la fuite du capitaine et au renversement de l’embarcation.
Par un coup de chance, des pêcheurs ont aperçu, de loin, le macabre spectacle. Ils se sont alors précipités sur les lieux selon Salah et ont appelé les secours.