Oléiculture : le salut de l’économie tunisienne ?

Considérée parmi les secteurs vitaux de l’agriculture tunisienne, la branche oléicole était au centre d’une table ronde organisée conjointement par le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et des ressources hydrauliques et le Forum International de Réalités. Un rendez-vous important pour les professionnels du secteurs, qui ont pu discuter avec les officiels pour leur faire part des difficultés rencontrés dans leurs exploitations oléicole. BIAN Yanhua, ambassadrice de la République Populaire de Chine, était également présente.

La Tunisie, parmi les leaders du marché
Prenant la parole, Samir Taïeb, ministre de l’Agriculture, n’a pas manqué de rappeler le rôle fondamental de l’huile d’olive dans la prospérité économique en Tunisie. « Un produit stratégique », selon le ministre, qui affirme que cette huile contribue tangiblement à garantir la sécurité alimentaire, au développement des exportations et à assurer des revenus en devises, et c’est sans compter les emplois créés.
« 309 000 exploitations sont exploitées dans le secteur oléicole. Ce dernier représente 60% de la totalité des exploitations agricoles. 10% des familles tunisiennes vivent de l’oléiculture et cette dernière emploie 20% de la main d’oeuvre », déclare Samir Taïeb. Il poursuit en affirmant que la Tunisie occupe la seconde place mondiale en terme d’espace alloué aux oliviers. « Le pays s’affiche à la seconde position mondiale en matière de production d’huile d’olive et représente 6% de la production globale », explique-t-il.
Un secteur aux nombreux points forts, certes, mais qui nécessite, néanmoins et selon Samir Taïeb, plusieurs améliorations, notamment au niveau de la compétitivité de la Tunisie. « Nous travaillons sur la modernisation de l’oléiculture, ainsi que sur la diversification des produits. Nous y arriverons grâce à des programmes et des stratégies adaptés », souligne-t-il encore.

Les propos de Samir Taïeb ont également été re-soulignés par Abdelatif Hamam, secrétaire d’État au Commerce,  mais également par d’autres responsables du ministère de l’Agriculture, à l’instar de Taoufik Oueslati, directeur général de la production agricole. La table ronde était également l’occasion pour Chokri Bayoudh, PDG de l’Office National de l’huile d’olive de revenir sur les performances tunisiennes. « La Tunisie a exporté, ces 5 dernières années, 157 000 tonnes d’huile d’olive. S’agissant de l’huile d’olive en vrac, l’Italie et l’Espagne sont nos premiers clients. L’Italie, à titre d’exemple, a importé 50 000 tonnes d’olive de la Tunisie », explique-t-il.
Il rappelle, dans ce même contexte, que la Tunisie, malgré sa situation avantageuse actuelle sur le marché mondial, sera inévitablement confrontée à la concurrence des pays émergents.

L’huile d’olive biologique : une piste à exploiter
Plusieurs problématiques ont, par ailleurs, été soulevées par les professionnels du secteur, présents à la table ronde. Tous se sont accordés sur la nécessité de la mise en place d’une stratégie et d’une vision claires qu’il faudra enfin mettre en application. « Il faut instaurer un label tunisien », déclare de son côté Ikbal Souissi, président de la chambre nationale de l’agriculture biologique, qui considère que ce secteur doit être propulsé par les autorités publiques. Ses propos ont été repris par Samia Maamar, directrice générale de l’Agriculture biologique au sein du ministère de l’Agriculture. Elle déplore, pour sa part, l’absence de chiffres clairs sur la production d’huile d’olive issue de l’agriculture biologique, soulignant les opportunités offertes par une telle production.

D’autres intervenants, ont souligné l’importance de nouer des partenariats internationaux afin de pouvoir partir à la conquête d’autres marchés, comme celui de la Chine. « L’Espagne et l’Italie ne sont pas uniquement nos concurrents : ils peuvent également devenir nos partenaires », déclare l’un des intervenants au débat. Un professeur de l’Institut National Agronomique de Tunisie (INAT) a mis en lumière, de son côté, la nécessité de bâtir un organe unifié pour le secteur agricole, réunissant tous les opérateurs, afin de simplifier la prise de décision. « Le marché local doit constituer la locomotive du secteur oléicole », ajoute-t-il.
Les échanges ont donc été nombreux. La table ronde a permis de mettre en lumière la détresse des professionnels du secteur de l’oléiculture. La bonne gouvernance, un meilleur positionnement à l’échelle internationale, une meilleure place pour l’agriculture biologique et le volontariat politique : telles ont été les principales revendications des participants.

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