Gordon Gray, l’ambassadeur des Etats-Unis, s’apprête à quitter la Tunisie au terme d’un mandat de trois ans. A cette occasion, une table ronde a été organisée afin de dresser le bilan. Compte rendu
«Nous soutenons les objectifs des Tunisiens de faire de la Tunisie, un Etat fondé sur des principes démocratiques et construit sur une croissance économique intégrée où l’homme, la femme et l’enfant auront la possibilité d’avoir un meilleur avenir», a déclaré la Secrétaire d’Etat Hilary Clinton au moment de signer l’accord de transfert de 100 millions de dollars permettant à la Tunisie d’honorer ses dettes vis-à-vis de certaines institutions financières. Elle aurait même rajouté : «Nous sommes fiers d’être un partenaire qui aidera à construire ce futur». Ces citations reprises d’emblée par l’Ambassadeur en guise d’introduction sont venues illustrer le «soutien du peuple et du gouvernement américain à la transition en Tunisie».
Le «soutien américain» en détail
Rapidement, S.E.M Gordon Gray a passé en revue les mécanismes de soutien, notamment ceux qui ont été récemment mis en place. Sur le plan financier, outre le «transfert de cash» (100 millions de dollars) effectué le 17 mai dernier pour aider la Tunisie à payer ses prêts, les Etats-Unis se sont portés, au terme d’un accord, garants de la Tunisie vis-à-vis des institutions financières internationales. L’ambassadeur l’affirme : sur le plan commercial, également, des avancées ont été faites. Des délégations d’hommes d’affaires sont venues en Tunisie ; la dernière d’entre elles s’est rendue à Sfax. Les entrepreneurs ont toujours à leur disposition le «Fonds pour les investissements d’entreprises privés», un fonds évalué à 2 milliards de dollars mais destiné au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord. Cependant, précise S.E.M Gordon Gray, 50 millions de dollars sont destinés à la franchise en Tunisie. Enfin, depuis mars, 3.000 produits tunisiens sont exportés vers les Etats-Unis sans frais de douanes, en vertu d’une loi adoptée par le Congrès. Selon l’ambassadeur, le «soutien américain» a touché d’autres domaines parmi lesquels figurent l’informatique (avec un programme évalué à 8 millions de dollars), l’humanitaire (avec l’extension de l’hôpital de Dhehiba) ou encore linguistique (avec un programme d’enseignement de l’Anglais à des jeunes de l’ensemble du pays). Les médias également ont été au menu du bilan du mandat américain…Une aide d’appoint de 8.000 dinars tunisiens a été fournie à l’Institut de Presse et de Science de l’Information (IPSI) pour acheter des équipements. Dans le même temps, neuf journalistes ont été envoyés aux Etats-Unis pour faire un stage dans des médias américains.
A bâtons rompus…
Tout en soulignant «l’excellente coopération militaire entre les deux pays», S.E.M Gordon Gray s’est voulu catégorique : «Les Etats-Unis n’ont pas joué un rôle dans l’intervention de l’armée dans le Sud. Les cadres militaires tunisiens sont très compétents et nous sommes heureux de pouvoir les aider logistiquement». Avant d’ajouter qu’il est confiant sur la situation sécuritaire : «Je me sens parfaitement à l’aise. J’ai parcouru toute la République aussi bien dans un cadre professionnel que personnel.
J’encourage les hommes d’affaires, universitaires et autre touristes à venir en Tunisie». Interrogé sur la position de l’ambassade américaine sur les atteintes aux droits de l’homme, il s’est déclaré «globalement optimiste» tout en rappelant avoir «manifesté notre inquiétude le 4 mai dernier par rapport à l’affaire Nessma». Et de poursuivre : «Il y a du talent dans ce pays, mais qui n’est pas assez valorisé. Il y a 18 mois, cette conférence de presse n’aurait même pas eu lieu. C’est déjà un énorme acquis pour vous de pouvoir discuter de tels sujets qui étaient tabous. La liberté est un acquis qu’il faudra toutefois savoir protéger». Ceci dit, S.E.M Gordon Gray repart heureux d’avoir servi en Tunisie où il «a été témoin de ces hauts faits de l’histoire de la Tunisie, que sont le 14 janvier et les élections démocratiques du 23 octobre 2011». Et l’homme repart sans regrets… «Je me souviens être arrivé en septembre 2009. Quelque temps après, les élections ont eu lieu. Et après mûres réflexions, nous avions pris la décision de ne pas envoyer de lettre de félicitation à Ben Ali. Nous voulions ce faisant envoyer un message à la société civile», s’est-il souvenu.
A.T.