L’Instance Vérité Dignité (IVD) a organisé, ce mercredi 28 mars 2018, une conférence de presse à son siège à Tunis pour faire, selon sa présidente Sihem Ben Sedrine, le point sur l’avancement de ses travaux et apporter des précisions supplémentaires sur les derniers rebondissements qui ont marqué la scène politique. « Nous n’étions pas en mesure de répondre aux questions, tant que le Conseil de l’IVD ne s’était pas réuni », a-t-elle commencé par dire.
Sihem Ben Sedrine a affirmé que l’Instance est « au printemps de ses travaux », finalisés à 90% jusqu’à présent. « Certains médias ont affirmé que la controverse porte sur les personnes, mais elle porte plutôt sur le processus transitionnel lui-même, y compris sur la transition démocratique », a-t-elle déclaré par la suite.
Sihem Ben Sedrine a plus d’unes fois, dans son intervention, souligné que l’IVD travaille dans le cadre de la loi et qu’elle respecte la loi.
« Le vote de l’ARP n’a aucune valeur juridique »
Les scènes de chaos observées à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) ont aussi été commentées par la présidente de l’IVD. « Le peuple a assisté au déraillement de certaines personnes qui ont intentionnellement voulu perturber le processus. Personne ne peut endosser le costume du porte-parole des tunisiens. 60% de ces derniers, selon une étude menée par l’INS et le PNUD, considèrent que la justice transitionnelle est une nécessité pour le pays », a-t-elle encore expliqué.
Concernant le vote, un point soulevé par les journalistes présents dans la salle, elle a estimé que plusieurs irrégularités y ont été observées. De fait, 65 voix, selon Ben Sedrine, ne constituent pas la majorité, d’autant plus que le quorum n’a pas été atteint. Elle s’est également interrogée sur la légalité de la séance plénière du lundi 26 mars 2018. Tant d’éléments qui permettent, selon Sihem Ben Sedrine, à l’IVD de continuer son travail. « Le vote n’a aucune valeur juridique ! », a-t-elle lancé, soulignant qu’elle préfère attendre la fin de la controverse avant de prendre en compte la décision qui sera émise par l’ARP.
L’Histoire, poursuit Sihem Ben Sedrine, sera réécrite pour empêcher les abus du passé de se reproduire. Elle est tenue, par la loi, de finir le processus de la Justice transitionnelle dans l’objectif de lever le voile sur la vérité.
L’IVD n’est pas la seule à ne pas avoir respecté le Tribunal Administratif !
« L’IVD respecte la loi« . Une affirmation qui a volontairement été reprise par la présidente pour souligner son intégrité et la légalité du travail de son Instance.
Interrogée par Réalités Online sur les dépassements de l’IVD par rapport aux décisions du Tribunal Administratif, Sihem Ben Sedrine a rappelé que le Tribunal émet des décisions et non pas des loi. « L’IVD respecte la loi », a-t-elle soutenu. Quant aux membres exclus de l’IVD, elle a affirmé qu’ils ont retardé le travail de l’Instance.. « Ceux qui disent que l’IVD est la seule qui ne respecte pas les décisions du Tribunal Administratif se trompent. Le ministère de la Défense l’a fait et personne n’en a parlé ! D’ailleurs, pour notre part, pas une seule fois nous n’avons outrepassé une décision définitive du Tribunal Administratif. Certains ont besoin d’une culture des institutions ! », dit-elle encore. Le Tribunal Administratif a, également, été critiqué au niveau de sa présidence par Sihem Ben Sedrine. En effet, son président est nommé par le président de la République, ce qui affecte, d’après elle, l’impartialité de l’institution. « Nous demanderons à ce que le Conseil Supérieur de Magistrature (CSM) s’en occupe », a-t-elle suggéré.
Aucun dossier de Mohamed Ennaceur au sein de L’IVD
Revenant sur la question de la prolongation du mandat de l’IVD, Sihem Ben Sedrine a souligné, d’un autre côté, que le travail va se poursuivre tant qu’aucune mesure officielle n’est prise. « Nous n’avons jamais dit que nous allons outrepasser la loi, nous travaillons dans le cadre de la loi », soutient-elle encore.
La présidente de l’IVD a aussi été interpellée sur son retrait, à deux reprises, de la plénière à l’ARP. « Nous devions partir en pause déjeuner et c’était fait après consultation avec le président de l’ARP », a-t-elle dit, sans revenir sur les raisons de son second retrait après l’intervention musclée de Sofiene Toubel.
Dans ce même contexte, elle a également été interpellée sur les accusations de la députée d’Ennahdha Monia Ibrahim contre le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur. « Il [Mohamed Ennaceur] n’a reçu aucune convocation de l’IVD. Nous n’avons rien qui prouve son implication en quoi que ce soit », a encore souligné Sihem Ben Sedrine.
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