La découverte, dernièrement, d’un cimetière punique dans la région de Ksibet Mediouni a provoqué de vives polémiques mais également une grande joie au sein de la population de cette région située au Sahel tunisien.
Dans une déclaration à Réalités Online, Riadh Abdelati, activiste de la société civile, directeur du département de Génie électrique à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Monastir et étudiant en master (département histoire) à la Faculté des lettres et sciences humaines de Sousse, a indiqué que l’emplacement de Ksibet Mediouni, située entre Leptis Minor (Lamta) et Ruspina (Monastir), deux villes dont l’histoire remonte à la période punique, lui permet d’être riche en tombes puniques. D’autant plus que cette région côtière composée d’une série de collines rocheuses située à 50 mètres au-dessus du niveau de la mer représentait un emplacement adéquat pour la mise en place des catacombes puniques où se déroulaient les rites funéraires.
Le chercheur en histoire qui a affiché un optimisme sans faille quant à l’importance de cette découverte, en attendant le rapport final des chercheurs de l’Institut nationale du patrimoine, a expliqué également que parmi les facteurs pouvant renforcer sa lecture ce que la région de Ksibet Mediouni était sur la trajectoire des lignes d’approvisionnement entre Leptis Minor et Ruspina durant la “Guerre des mercenaires”, opposant de 241 à 238 avant J.-C., Carthage à des mercenaires révoltés, grecs, ligures, libyens et baléares qui avaient servi durant la première guerre punique et qui ne sont plus payés.
Absence de traces…
De son côté, la représentante de l’INP à Monastir, Sawssen Rahmouni, a souligné dans une déclaration à Réalités Online, que “cette découverte accidentelle” réalisée lors des travaux menés par les équipes du ministère de l’Équipement visant à protéger la ville contre les inondations, a démontré, d’après les premières analyses, qu’il s’agit des tombes puniques exploitées.
Cependant, notre interlocutrice a nié avoir trouvé dans cette chambre funéraire ni ossements, ni accessoires, ni pièces décoratives enterrés avec les défunts, etc. Chose qui semble “explicable” par le chercheur Riadh Abdelati qui nous a expliqué que ces chambres funéraires, construites généralement par des familles aisées et comportaient des accessoires précieux (or, argent, monnaie, etc), seraient exploitées ou détruits, durant les périodes hafside, mouradite et husseinite, par les nouveaux locataires notamment les tribus Berbères, enrôlés pour la défense des territoires tunisiens, où les nouveaux arrivants. D’ailleurs, le rapport préliminaire des chercheurs de l’INP à la suite de cette découverte, a révélé d’après notre interlocuteur que, l’histoire de Ksibet Mediouni remonte au 4e siècle av J-C.
Quelles mesures entreprendre ?
S’agissant des prochaines procédures qui seront entreprises par les autorités compétentes, Sawssen Rahmouni a indiqué que “pour le moment cette région va être inscrite sur la carte archéologique pour être sauvegardée”.
Concernant toute éventualité d’entreprendre des travaux de recherche pouvant impacter les habitations d’autant plus que ces chambres funéraires se trouvent à proximité d’une école primaire et sur une rue principale, la responsable au sein de l’INP a fait savoir que “généralement on ne valorise pas les cimetières archéologiques mais on les inscrit sur les cartes”. Ceci dit, quoiqu’il en soit, rien ne changera au niveau architectural de la zone où se situent ces chambres funéraires. Toutefois, selon Sawssen Rahmouni, les recherches et la fouille de sauvetage se poursuivront.
Faut-il rappeler dans ce sens que les services de l’INP ont annoncé la découverte, le 21 mars dernier, à Sfax, d’une nécropole romaine contenant plus de trente tombes, ainsi qu’une maison romaine dont le sol était pavé de mosaïques géométriques.
Ces deux vestiges, a précisé l’INP, datent de la période comprise entre le IIe et le IVe siècle après J.-C.
Mohamed Ali Sghaïer