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Les combats s’intensifient. L’armée afghane a appelé ce mardi 3 août les habitants de Lashkar Gah à évacuer la ville, où des combats particulièrement meurtriers ont tué 40 civils en 24 heures, selon l’ONU, et dont les forces afghanes entendent désormais déloger « durement » les talibans. « Nous vous demandons de quitter vos maisons dès que possible. Nous allons affronter [les talibans et] les combattre durement », a annoncé le général Sami Sadat, plus haut gradé de l’armée dans le Sud afghan, dans un message audio qu’il a demandé aux médias de diffuser. La ville est actuellement le théâtre de combats urbains.
« Nous ne laisserons pas un seul taliban en vie […] Partez dès que possible afin que nous puissions entamer notre opération », a-t-il ajouté. Plus tôt mardi, la Mission de l’ONU en Afghanistan avait exprimé dans un tweet « sa profonde inquiétude pour les civils afghans à Lashkar Gah, où les combats s’intensifient », appelant à « la cessation immédiate des combats dans les zones urbaines ».
*40 civils ont été tués
Elle avait indiqué que les civils étaient particulièrement victimes de l’offensive au sol des talibans et des bombardements de l’armée afghane, précisant que 40 civils avaient été tués et 118 blessés ces dernières 24 heures au cours des combats dans Lashkar Gah, ville de 200 000 habitants. Sefatullah, patron de la radio locale Sukon, a indiqué à l’Agence France-Presse que « les combats avaient été intenses ce [mardi] matin » à Lashkar Gah, affirmant que des bombardements aériens avaient ciblé « les positions des talibans » à l’intérieur de la ville.
Outre Lashkar Gah, à l’intérieur de laquelle ils sont entrés ces derniers jours, les insurgés affrontent les forces afghanes dans les faubourgs de Kandahar (Sud) et Hérat (Ouest), deuxième et troisième villes du pays, qui comptent respectivement 650 000 et 600 000 habitants.
*Deux explosions à Kaboul
Parallèlement, une forte explosion a secoué Kaboul mardi soir, suivie de tirs sporadiques d’armes automatiques. Une source sécuritaire afghane ayant requis l’anonymat a indiqué à l’AFP que l’explosion s’était produite près du domicile du ministre de la Défense Bismillah Mohammadi, dans le centre de Kaboul. « Ne vous inquiétez pas, tout va bien », a simplement tweeté le ministre, sans autre détail, environ une heure après l’explosion. Plus tôt mardi, la Mission de l’ONU en Afghanistan (Unama) a exprimé dans un tweet « sa profonde inquiétude pour les civils afghans à Lashkar Gah, où les combats s’intensifient », appelant à « la cessation immédiate des combats dans les zones urbaines ». Elle a indiqué que les civils étaient particulièrement victimes de l’offensive au sol des talibans et des bombardements de l’armée afghane, précisant que 40 d’entre eux avaient été tués et 118 blessés en 24 heures au cours des combats dans Lashkar Gah, ville de 200 000 habitants. Les belligérants « doivent faire plus pour protéger les civils ou les conséquences seront catastrophiques », a estimé l’Unama.
Un habitant de Lashkar Gah ayant requis l’anonymat a décrit à l’AFP une ville où « il n’y a plus d’électricité, plus de nourriture, [où] les magasins sont fermés », où les belligérants s’affrontent « rue par rue » et que l’aviation afghane « bombarde presque chaque minute ». « C’est le quatrième jour d’intenses combats à l’intérieur de la ville. Certains habitants ont déjà quitté la ville […] mais beaucoup de gens sont toujours coincés », a-t-il raconté. « Les talibans sont partout en ville », circulant à moto, a ajouté cet habitant, affirmant que les forces afghanes bombardent les maisons privées dans lesquelles ils s’abritent : « Une vingtaine de maisons de notre voisinage ont été bombardées. » « Les hôpitaux sont débordés même si la plupart des gens n’osent pas y emmener leurs proches dans un véhicule privé, de peur d’être tués par les talibans ou bombardés par le gouvernement », a-t-il expliqué.
*Dix radios et trois chaînes de télévision ont cessé d’émettre.
Sefatullah, patron de la radio locale Sukon, a indiqué que sa station avait cessé d’émettre dimanche « car les talibans se sont emparés du bâtiment ». « Depuis dimanche, dix radios et trois chaînes de télévision ont cessé d’émettre, soit parce que les talibans ont pris leurs locaux, soit parce qu’ils leur ont dit d’arrêter. Seule une radio favorable aux talibans émet encore en ville », a-t-il ajouté. Le ministère afghan de l’Information et de la Culture a de son côté indiqué que « onze radios et quatre chaînes de télévision étaient coupées en raison des attaques ou des menaces des talibans dans la province du Helmand », dont Lashkar Gah est la capitale. « Les attaques et menaces des talibans contre les médias montrent leur hostilité à la liberté d’expression », a poursuivi le ministère. Les talibans mènent depuis trois mois une offensive tous azimuts au cours de laquelle ils se sont emparés de vastes territoires ruraux. Les forces afghanes, qui n’ont jusque-là offert qu’une faible résistance, ne contrôlent plus pour l’essentiel que les capitales provinciales.
Les insurgés ont récemment resserré leur étau sur trois d’entre elles : Lashkar Gah, mais aussi Kandahar et Hérat, deuxième et troisième villes du pays. Les autorités de la province d’Hérat (Ouest) ont affirmé mardi que les forces afghanes avaient repris plusieurs zones des faubourgs de la capitale provinciale aux talibans, parvenus ces derniers jours à quelques kilomètres de cette ville de 600 000 habitants. « Une importante opération » menée avec une milice locale dans l’ouest de la ville leur a permis de reprendre « plusieurs zones », notamment dans le district d’Injil qui enserre Hérat, a affirmé mardi à l’AFP Jailani Farhad, porte-parole du gouverneur provincial. Elles ont aussi repris le contrôle de la route menant à l’aéroport, situé à une quinzaine de kilomètres au sud de la ville, en détruisant un point de contrôle que les insurgés y avaient installé, même si certains sont encore présents à proximité immédiate, a-t-il précisé. Lundi soir, des milliers de personnes sont montées sur les toits de leur maison à Hérat en scandant « Allah Akbar » (« Dieu est le plus grand ») et des slogans en faveur des forces afghanes et des miliciens d’Ismail Khan, puissant chef de guerre local et vétéran de la lutte contre l’occupation soviétique (1979-1989), qui ont défendu la ville.
*Détonations dans le centre de la capitale
Une deuxième forte explosion, suivie de tirs nourris d’armes automatiques, a été entendue mardi soir à Kaboul, deux heures environ après une première très forte détonation survenue près du domicile du ministre de la Défense, dans le centre de la capitale afghane, selon des journalistes de l’AFP. Plusieurs détonations de moindre intensité ont également été entendues dans le centre de Kaboul après cette deuxième explosion, dont l’origine n’était pas connue dans l’immédiat. Aucun bilan de ces deux explosions n’était immédiatement disponible.
(Le Point, avec AFP)