L’administration Trump, menée par le gendre du président, Jared Kushner devrait présenter Mardi 25 juin son plan économique et projet « De la paix à la prospérité ». Une levée de fonds de 50 milliards de dollars promis par les Américains qui révolte les Palestiniens, dénonçant le parti-pris outrancier en faveur d’Israël par les États Unis dans la résolution du conflit Israélo-palestinien.
Un plan économique sans projet politique
Samedi 22 juin, les États-Unis ont dévoilé le volet économique de leur plan de résolution du conflit israélo-palestinien. Projet qu’ils présenteront davantage en détails lors de la conférence de Bahreïn, mardi 25 juin.
Le pan économique du plan reste simple : si les Palestiniens signent l’accord de paix avec Israël, le pays bénéficiera d’un développement économique accéléré avec l’aide des devises israéliennes et des devises arabes qui accepteraient également l’accord de paix. À la clé, près de 50 milliards de dollars pour les Palestiniens et la création de 1 million d’emplois en une décennie. De quoi faire passer le taux de chômage qui avoisine les 30% à « une donnée à un chiffre » selon Jared Kushner, conseiller du président US.
Jared Kushner n’a rien dit sur ses plans autour du volet politique. Mais des fuites révèlent qu’il aurait renoncé à l’élaboration d’une solution entre les deux États. En acceptant le plan, la Palestine abandonnerait ses droits nationaux historiques, reconnus par l’ONU, en contrepartie d’une somme d’argent. Si le président palestinien a reconnu la nécessaire aide économique extérieure pour son pays, il refuse qu’elle provienne des États-Unis dont les intentions seraient biaisées. « Nous ne pouvons accepter que l’Amérique transforme cette cause qui est politique en une cause économique » a-t-il poursuivi.
Seulement voilà, pour Mahmoud Abbas – président palestinien – les États-Unis chercheraient « à acheter la Palestine » et à « les priver d’un État indépendant » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Ramallah. Remettant en cause son impartialité en tant que médiateur dans la résolution du conflit, l’intervention des États-Unis ne devrait pas avoir lieu d’être pour le président palestinien. » Nous rejetons l’accord du siècle« , a-t-il poursuivi, reprenant les termes utilisés par Donald Trump.
« Nous ne serons ni les esclaves ni les serviteurs de (Jason) Greenblatt, (Jared) Kushner et (David) Friedman » – Mahmoud Abbas, président de la Palestine
Un congrès de la honte pour les pays arabes
« Un projet mort-né« , « une énorme perte de temps« , la Conférence qui n’a même pas encore eu lieu est d’ores et déjà enterrée par les pays du monde arabe pour qui, l’unique but de cette initiative est d’acheter le silence des opposants à Israël. La proposition américaine a soulevé une vague d’indignation dans les pays arabes. Ainsi dimanche 23 juin à Rabat des slogans où l’on pouvait lire « Mort à Israël » « Mort aux États Unis » ont été brandi dénonçant un « congrès de la honte« , tandis qu’en Égypte les partis de gauche et libéraux ont rendu public un communiqué où ils dénoncent une volonté de « consacrer et de légitimer » l’occupation par Israël des territoires palestiniens.
Même les pétromonarchies du Golfe, alliés économiques des États-Unis, ont exprimé des réserves. « Je pense que tout ce qui améliore la situation du peuple palestinien mérite d’être salué. Cela dit, le processus politique est extrêmement important« , a commenté dimanche Adel al Djoubeir, chef de la diplomatie saoudienne, interrogé par France 24. Un engouement moindre d’autant plus que le plan prévoit que les riches pétromonarchies du Golfe ou des investisseurs privés financent l’essentiel de la facture des 50 milliards de dollars.
La Palestine boycottera donc les discussions de Bahreïn, les relations américano-palestiniennes ayant été rompues par Mahmoud Abbas depuis que le président américain a reconnu en décembre 2017 Jérusalem comme capitale d’Israël.