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Ankara a accusé mardi la France de « jouer à un jeu dangereux » en Libye en appuyant les forces opposées au gouvernement de Tripoli. Le pouvoir turc reprend ainsi à son compte la formule utilisée la veille par le président Emmanuel Macron à son encontre.
Retour à l’envoyeur. C’est au tour d’Ankara de répliquer : « Par le soutien qu’elle apporte depuis des années aux acteurs illégitimes, la France a une part de responsabilité importante dans la descente de la Libye dans le chaos, a déclaré le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, mardi 23 juin. De ce point de vue, c’est en réalité la France qui joue à un jeu dangereux. »
La veille, Emmanuel Macron avait estimé que la Turquie « jouait à un jeu dangereux » en Libye, où Ankara soutient militairement le gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli face aux forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est du pays.
Ce dernier est soutenu par l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie. La France, bien qu’elle s’en défende publiquement, est elle aussi accusée par Ankara et nombre d’analystes de l’appuyer.
« Le peuple libyen n’oubliera jamais le tort causé à son pays par la France »
« Si Emmanuel Macron faisait marcher sa mémoire et déployait son bon sens, il se souviendrait que les difficultés que traverse la Libye actuellement sont dues aux attaques du putschiste Haftar qu’il soutient« , a déclaré Hami Aksoy dans un communiqué.
« Même si le président Macron s’efforce de masquer cette réalité en portant des accusations infondées contre notre pays, le peuple libyen n’oubliera jamais le tort causé à son pays par la France dans la poursuite de ses intérêts égoïstes », a-t-il ajouté.
Les relations entre Ankara et Paris, alliés au sein de l’Otan, sont envenimées par les désaccords sur la Libye et en raison d’un incident maritime impliquant des navires des deux pays en Méditerranée.
La situation en Libye s’est dégradée ces dernières semaines. Après plusieurs mois d’offensive vers Tripoli, les forces de Haftar ont essuyé des revers cinglants face au GNA, appuyé par des drones et des conseillers militaires turcs. Les forces du GNA visent désormais la ville côtière de Syrte (450 km à l’est de Tripoli), verrou stratégique vers le fief de Haftar.
Samedi, l’Egypte a prévenu que toute avancée des pro-GNA vers Syrte pourrait entraîner une intervention « directe » du Caire. Le GNA, reconnu par l’ONU, a dénoncé comme une « déclaration de guerre » les menaces de l’Égypte. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après une révolte populaire, la Libye est plongée dans le chaos des conflits et des luttes de pouvoir.
(France 24, avec AFP)