Leur retour à leur terre natale a été annoncé en grandes pompes. Ce faisant, les Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM) mettent fin à 29 ans d’exil. S’ils envisagent de se transformer en un parti politique, ils restent néanmoins catégoriques : leur lutte pour l’égalité et contre la discrimination est loin d’être abandonnée.
Les Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM) rentrent au bercail pour «muer en parti politique». L’annonce a été faite le 1er juillet lors d’une conférence de presse par Mamadou Wane, le Secrétaire chargé de la Jeunesse et des Droits de l’homme au sein du mouvement. Depuis, les Mauritaniens s’interrogent sur le timing. Les conditions n’étaient pas «réunies pour ce retour». Malgré cela, insiste Mamadou Wane, les FLAM «l’ont jugé (ndlr : le retour) nécessaire après constat d’un minium de dialogue et un apaisement social». En réalité, la nouvelle était plutôt attendue. Les autorités mauritaniennes avaient renoué le dialogue avec les leaders des FLAM. La rencontre entre l’ex-président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et le président des FLAM, Samba Thiam au Etats-Unis, était un secret de polichinelle.
Une lutte encore d’actualité ?
D’ores et déjà, le mouvement l’a fait sa voir : il choisira le camp de l’opposition mais ne s’alliera ni à la Coordination de l’opposition démocratique (COD), dirigée par Ahmed Ould Daddah, ni au mouvement négro-mauritanien Touche pas à ma nationalité (TPMN). Depuis mars 1983, date de leur création, les FLAM, produits de la fusion de plusieurs organisations dirigées par Samba Thiam, militent pour une «Mauritanie non raciale et anti-esclavagiste». Le bras de fer avec le président de l’époque, Maaouiya Ould Taya, qui mena une répression féroce pour démanteler l’organisation, contraindra la majorité d’entre eux à l’exil dès 1986. En février 2006, le mouvement s’est scindé en deux, après la décision d’une partie de ses militants de renoncer définitivement à la lutte armée et d’intégrer le champ politique mauritanien. Les FLAM n’ont cessé d’accuser le pouvoir mauritanien de pratiquer «une arabisation systématique» du pays, contraignant «des milliers de négro-mauritaniens à émigrer». Si leur lutte contre l’arabisation se poursuit, les militants précisent tout de même : ils n’ont aucun problème avec la communauté maure (arabes mauritaniens) . «Le combat des FLAM n’est pas destiné contre une personne ou une communauté, mais contre un système. Nous n’avons jamais prôné l’hégémonie des communautés noires sur les autres. Tout ce que nous avons réclamé et que nous réclamons aujourd’hui encore, c’est l’avènement d’une Mauritanie juste qui traite ses enfants sur le même pied d’égalité sans référence aucune à leurs origines linguistiques, raciales ou historiques», a expliqué Mamadou Wane. Avant de poursuivre : «Les FLAM ne sont pas hostiles à la communauté maure».
A.T