Dimanche 23 juin le candidat du pouvoir, Mohamed Ould Ghazouani, a revendiqué la présidence de la Mauritanie devant une centaine d’invités réunis au Palais des congrès, . Un « nouveau coup d’État » selon ses adversaires et dénoncé par l’opposition.
Victoire autoproclamée par Mohamed Ould Ghazouani
Se basant sur les résultats de 80% des bureaux de vote, l’ancien chef d’état-major, Mohamed Ould Ghazouani, a annoncé dimanche 23 juin qu’il succéderait au général Mohamed Ould Abdel Aziz. Une majorité absolue obtenue avec 52,01 % des suffrages et un taux de participation de 62,66% selon la Céni. La victoire a été confirmée une première fois, plus tard dans la soirée, par la Commission électorale nationale indépendante. Laissant sur la touche ses opposants, le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, l’ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87 %), le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71 %) et le professeur d’université Mohamed Ould Moloud (2,44 %), le président élu a été salué par le ministre des Communications, Sidi Mohamed Ould Maham, dans un tweet « Nous lui souhaitons tous de réussir dans son entreprise ».
Le scrutin doit néanmoins attendre d’être validé par le Conseil constitutionnel suite aux accusations de coup d’État émises par les 4 candidats de l’opposition qui ont fait savoir leur volonté d’avoir recours à tous les moyens légaux pour contrecarrer cette issue.
Une auto proclamation devenue presque une tradition depuis celles de Maaouiya Ould Taya en 1992 et 2003, de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en 2007, et de Mohamed Ould Abdelaziz, en 2009 et 2014, mais qui ne passe pas pour l’opposition : « Eux étaient dans une gestion unilatérale du pouvoir, il n’était pas censé y avoir un passage de témoin ! Ce qui s’est passé cette nuit est extrêmement grave, ils auraient dû laisser les choses se dérouler normalement. » a réagi réagit Lo Gourmo, premier vice-président de l’UFP.
« Ce scrutin n’exprime nullement la volonté du peuple mauritanien », a dénonce Sidi Mohamed Ould Boubacar,
Suite à l’annonce des résultats, des incidents ont éclatés dans la capitale Nouakchott et à Nouadhibou (nord-ouest), l’unique province où il a été devancé par Ould Abeid. Une contestation notoire qui semble se poursuivre dans la rue avec la promesse faite de manifester contre le scrutin. « Nous allons organiser des manifestations de protestation, c’est notre droit constitutionnel« , a déclaré Mohamed Ould Moloud, lors de la conférence de presse tenue dans la nuit du 23 au 24 juin.
Proche de toujours du président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir en 2008 par un coup d’État puis élu en 2009 et 2014 (le scrutin avait fait l’objet d’un boycott de l’opposition), Mohamed Ould Ghazouani semble vouloir s’inscrire dans la même ligne politique que son prédécesseur. Une vie politique faite de coup d’État à répétition depuis 1978 pour les Mauritaniens dont la voix ne semble toujours pas compter. Le scrutin devait marquer pour la première fois la transition entre deux présidents élus puisque Mohamed Ould Abdel Aziz ne pouvait reconduire de 3e mandat.