Le concept de «guerre totale» a, sans doute, connu des évolutions progressives par étapes successives, subissant ainsi les effets du temps qui passe, qui use, qui altère et qui détériore à telle enseigne que la signification de ce concept a connu des inflexions notables. La mondialisation a bouleversé l’ordre établi. Les distances s’en trouvent réduites, les frontières sont presque annulées et tous les pays du monde se trouvent de plus en plus imbriqués. Dans ce contexte, la guerre éclate sur le plan médiatique et se déplace ensuite dans le champ de bataille pour que les deux fronts fusionnent d’une manière organique. Si l’un d’eux se dérègle, l’autre s’altère et touche à sa fin. Cette vérité s’est confirmée durant cette guerre menée par Israël contre les Palestiniens, les Libanais, les Syriens, les Yéménites et les Iraniens. Avec l’adéquation sidérante entre la logistique médiatique et les forces militaires, les tâches sont distribuées avec une précision sans égale. La domination médiatique est suivie d’une supériorité militaire écrasante. Pendant cette guerre, la propagande israélienne, soutenue par les médias américains et européens, n’a pas trouvé de concurrent qui s’opposerait à ses croisades en démentant les balivernes et dessillerait les yeux de l’opinion internationale sur la vérité. La contre-propagande s’est avérée totalement primaire, nuisible là où elle croyait bien faire, vulnérable et prêtant le flanc à chaque étape de la guerre. La «paix d’hégémonie» américaine, voulue par les pays arabes qui ont normalisé avec l’entité sioniste, n’a pratiquement rien changé. La machine propagandiste israélienne et occidentale s’est imposée avec tout son poids pour occuper aussi bien la scène et l’espace que les esprits, ceux tant des alliés que des ennemis. La chaîne satellitaire «Al Jazeera», lancée et dirigée par les Américains et financée par la monarchie qatarie pour jouer un rôle belliqueux, est devenue ainsi, la plateforme privilégiée de toutes les parties du conflit. Elle s’est saisie de cette exclusivité d’une manière douteuse qui a ouvert la voie à une propagande sioniste soutenue au cœur de la nation arabe et musulmane. Tout le monde s’est rendu compte que cette chaîne reflète l’image d’un espace médiatique arabe dépourvu de crédibilité tant dans sa tendance qui soutient la normalisation avec la guerre et la «paix d’hégémonie» en même temps que dans celle qui s’y oppose.
Pire encore, plusieurs autres médias arabes officiels et officieux se révèlent d’excellents spécialistes dans la fabrication des ennemis de la nation. Ils inventent alors des modèles qui nuisent aux causes arabes. C’est de cette façon qu’apparaissent les sceptiques, les opportunistes, les «vendus» et tous ceux qui craignent la vérité, puisque leur prétendue «influence» se fonde sur la traîtrise. Pour cela, on leur prépare au préalable la voie, mais aussi le terrain où ils exécuteront leurs pirouettes, ce qui leur permettra, à coups d’intoxications idéologiques et religieuses meurtrières, de faire face à la vérité, conformément aux ordres de leurs commanditaires israéliens et américains en particulier.
Mais ces médias «arabes» ne se contentent pas d’engendrer de tels modèles en leur promettant soins et protection, ils se chargent également de défigurer l’image des défenseurs de la cause arabe, au moyen de la marginalisation de leurs positions et de l’occultation de leurs mouvements de résistance et de contestation. Ainsi, au moment où des personnalités célèbres telles que Jean-Luc Mélenchon, Dominique de Villepin, le leader travailliste anglais Jérémy Corbyn et tous les partisans d’une politique européenne équilibrée dans le conflit israélo-palestinien et d’une dénonciation d’un génocide à Gaza, sont confrontées à des campagnes médiatiques de dénigrement, conduites par les lobbies sionistes dans leurs propres pays, les médias arabes s’obstinent à passer sous silence le rôle important que jouent les défenseurs de la cause arabe en Occident.
C’est donc de cette façon que les Arabes perdent la guerre et la paix en même temps.
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