« Israël frappe partout, à n’importe quelle heure ». Des civils iraniens terrorisés témoignent auprès du quotidien français « Le Monde » dans son édition du 21 juin, neuvième jour de l’attaque anticipative israélienne contre la République islamique d’Iran et de la riposte du pays d’Ali Khamenei, Guide de la Révolution islamique depuis 1989.
Pour le président des Etats-Unis, « il n’est pas question que l’Iran acquière l’arme nucléaire et il doit renoncer à son programme nucléaire ». Dès lors, tout est permis pour atteindre cet objectif par la force. L’évolution de la guerre après une semaine du conflit armé démontre, en fait, que la terreur sévit autant en Iran qu’en Israël sous la puissance des frappes aériennes israéliennes, d’un côté, et celle des missiles balistiques et hypersoniques iraniens, de l’autre. Les dégâts, humains et matériels, sont importants des deux côtés.
Chaque mort est à déplorer car les civils ne choisissent pas de faire la guerre mais la subissent dans leur chair. La guerre a été imposée aux Iraniens par des dirigeants israéliens extrémistes empêtrés dans un génocide en cours à Gaza depuis près de deux ans et décidés d’empêcher l’Iran par la force d’acquérir la technologie nucléaire, de réussir à fabriquer la bombe nucléaire et d’être une puissance régionale au Moyen-Orient. Pire, l’entité sioniste, sur la base de déclarations d’officiels, œuvre parallèlement à faire tomber le régime théocratique iranien en place en tuant une vingtaine de hauts gradés de l’armée, des proches conseillers du Guide suprême Khamenei, lui-même ciblé par des menaces de liquidation proférées par le président américain Donald Trump et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Une dizaine de scientifiques, experts en technologie nucléaire ont, également, été assassinés dès le premier jour de l’attaque israélienne contre la République islamique.
L’attaque israélienne par surprise lancée le 13 juin a donné un coup d’arrêt à des négociations importantes entre Américains et Iraniens autour du programme nucléaire iranien, après cinq rencontres à Genève avec l’intermédiation du Sultanat d’Oman, un programme nucléaire civil que Téhéran revendique sans relâche et avec fermeté. L’option diplomatique est privilégiée par tous les pays sauf l’entité sioniste, ce va-t-en guerre qui exerce sans vergogne la loi du plus fort dans le but d’imposer son hégémonie au risque de déstabiliser les pays voisins et l’ensemble de la région du Proche et du Moyen-Orient.
L’entité sioniste frappe fort, même les sites nucléaires – une ligne rouge en vertu du droit international – ne sont pas épargnés. Elle a les coudées franches contrairement à n’importe quel autre pays aussi puissant soit-il. L’exemple de la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine est édifiant. Toutes ses frappes sont scrutées à la loupe et le président russe Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt international dès les premiers jours de son agression contre l’Ukraine. Israël aussi a attaqué l’Iran, mais Netanyahu est « sous le coup » d’une immunité internationale inébranlable si bien que le mandat d’arrêt international prononcé par la Cour Pénale Internationale contre lui en 2024 suite à une plainte de l’Afrique du Sud pour génocide perpétré à Gaza est inopérant.
En Iran, Israël ose un interdit, brave un tabou : le bombardement de sites nucléaires au risque de mettre en danger la vie des Iraniens et l’avenir de ce pays indépendant et souverain censé avoir le droit de décider librement de sa destinée. A Gaza, Israël ose un autre interdit et brave un autre tabou : utiliser la faim et la soif comme arme de guerre contre une population entière sous blocus depuis des décennies et un blocus total depuis octobre 2023 empêchant toute aide d’entrer dans l’enclave. Seule l’entité sioniste a le droit inconditionnel d’appliquer la loi de la jungle, sous la protection et le feu vert de la première puissance mondiale, les USA et leurs alliés – pour ne pas dire leurs sbires -, pour soi-disant défendre sa sécurité quand ce n’est pas son existence.
La loi de la jungle est désormais l’ordre mondial dirigé par les Etats-Unis et Israël est son bras armé. L’homme politique français d’extrême-droite Eric Zemmour confiait après le 7 octobre 2023 sur une chaîne de télévision française à propos de la guerre contre Gaza et Hamas : « Israël est l’avant-poste de l’Occident au Moyen-Orient, il fait le travail pour nous ». Plus récemment, c’est le chancelier allemand Friedrich Merz qui reprenait la même idée pour défendre Israël dans sa guerre anticipative et sans preuve de la détention par l’Iran de la bombe atomique. « Israël fait le sale boulot pour nous (Occident, ndlr) », a-t-il déclaré. C’est dire que les pays occidentaux n’ont pas de gêne à détruire un pays même sur la base d’un mensonge : il n’existe aucune preuve concrète de l’existence d’un armement nucléaire iranien. Ce qui rappelle la guerre de l’Irak, attaqué en 2003 par les Etats-Unis sous prétexte de détenir des armes de destruction massive que Colin Powell, ministre des Affaires étrangères du président Georges W. Bush, a fini plus tard par nier et en avouer l’inexistence.
Dimanche dernier, les Etats-Unis ont encore frappé, ils ont bombardé trois sites nucléaires en Iran dont la plus importante usine d’enrichissement d’uranium, Fordo, cachée dans une montagne isolée. Une action militaire en violation flagrante de la législation internationale dont le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et ce, dans le but de détruire le programme nucléaire iranien sans aucune preuve sur la détention par l’Iran d’armes nucléaires.
C’est dire que la destruction de l’infrastructure nucléaire iranienne est voulue par les pays occidentaux tout comme l’extermination en cours des Palestiniens. L’Occident ne veut pas d’autre (s) puissance(s) régionale(s) au Moyen-Orient qu’Israël et pour cela, aucun pays de cette partie du monde, réservoir mondial de pétrole et de gaz, n’a le droit d’acquérir l’arme nucléaire, au risque d’être attaqué et anéanti. D’où le soutien inconditionnel des Etats-Unis, de l’Union européenne et de tous leurs alliés, y compris certains pays arabes, à l’entité sioniste dans ses vastes opérations militaires contre ses voisins, à commencer par les territoires occupés jusqu’à l’Iran, en passant par le Liban et la Syrie.
L’Ukraine, Gaza, l’Iran et la politique de deux poids, deux mesures de l’Occident, Etats-Unis en tête, dans la gestion de ces guerres immondes, ont mis à mal la conscience humaine confrontée à de nouveaux paradigmes comme le droit d’exterminer un peuple pour occuper tout l’espace ou le droit de décider unilatéralement de l’avenir d’un pays et de son peuple.
Un nouvel ordre mondial immoral dans lequel les plus faibles vont être exterminés un à un pour satisfaire les intérêts des plus puissants. Une situation qui rappelle des époques révolues dominées par des dictatures sanguinaires. Que reste-t-il des démocraties occidentales et des droits humains, leur emblème ? Que sera le monde sans ces deux garde-fous contre la folie meurtrière des dictateurs autoritaires ?
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