Le quartet au pouvoir offre une piètre image. Celle d’une coalition qui marche à deux vitesses, avec un parti Ennahdha qui fait tout pour apparaître soudé et uni et, de l’autre côté, un Nidaa Tounes pris dans une tourmente et ne trouve plus les moyens de s’en sortir, un UPL dont le Président ne fait que multiplier les incartades et un Afek Tounes qui tente vainement de jouer un rôle qui ne sied ni à son poids, ni à son programme.
Nidaa Tounes a vécu une semaine agitée et tout indique que la damnation qui l’a frappé, depuis sa victoire en 2014 aux élections, n’est pas prête à le quitter. Alors que ce bloc ne compte plus que 59 députés, voilà que son Président présente subitement sa démission et pète les plombs. Il s’est lancé curieusement dans des diatribes incongrues, accusant le ministre de la Santé ouvertement de tous les maux dont souffre le secteur, n’oubliant pas au passage de régler ses comptes avec un de ses collègues qui se présenterait aux travaux de la Commission en état d’ivresse !
Les graines de la discorde ne sont pas arrêtées là, Ridha Belhaj, Président du comité politique de Nidaa a, lui aussi, créé la surprise en jetant l’éponge. Les intrigues qui entourent la conduite du parti, et plus particulièrement le rôle hégémonique qu’entend jouer Hafedh Caïd Essebsi sont derrière ce ras-le-bol.
Dans ce climat délétère, Nidaa Tounes est devenu une proie facile voir un objet de raillerie. Slim Riahi, outré par la défection de trois de ses députés, a poussé le sarcasme à son comble en considérant le sulfureux homme d’affaires Chafik Jarraya, comme le véritable Président de Nidaa en lui présentant ses félicitations pour la qualité des transactions qu’il vient de faire pour redorer le blason de ce parti.
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Le boycott par les députés du Front populaire du vote à l’ARP de la nouvelle loi bancaire, proposée par le gouvernement est un nouvel épisode du discours démagogique et populiste que ce parti préfère adopter pour bloquer tout processus de réforme ou pour discréditer l’action du gouvernement.
En privilégiant un discours accusateur et en avançant de faux arguments, le Front populaire et certains partis de l’opposition minoritaire, trouvent un malin plaisir à exacerber les situations de crise et à pousser vers le blocage, sans présenter de solutions de rechange, ni des pistes de réflexion sérieuses.
Il faut rappeler que tout le monde connait, y compris le Front populaire, le CPR et le parti Irada, que le pays continue à fonctionner, à servir les salaires et à engager des projets, grâce justement aux financements accordés par les institutions financières internationales. Prétendre que le pays et ses institutions sont devenus sous mandat de la Banque mondiale et du FMI n’est qu’une simple vue de l’esprit, un moyen pour détourner le débat et essayer de gagner l’estime des électeurs que de rechercher de vraies solutions.
D’aucuns ne peuvent nier que la Tunisie a aujourd’hui besoin du concours financier du FMI , de la Banque mondiale et d’autres organismes financiers régionaux pour remettre à flot son économie, réaliser ses différents programmes de développement, engager des réformes et respecter des calendriers pour pouvoir postuler à des financements concessionnels.
Le Front populaire a-t-il mis sur la table des solutions autres que celles qui consistent à différer le paiement de la dette publique, ou à opter pour des modèles qui n’ont pas empêché l’Union soviétique d’imploser, ni à la Chine d’opter pour un libéralisme parfois sauvage?
Cela ne disculpe pas pour autant le gouvernement, notamment le ministre des Finances qui a failli à son devoir, en ratant lamentablement l’opportunité de présenter cette réforme aux Tunisiens, se contentant de répondre à des questions qui ne devraient être évoquées qu’accessoirement.
Manque de pédagogie et faiblesse de la communication gouvernementale ont laissé le champ libre à l’opposition dont la voix a été plus audible et l’argument plus percutant. Le Front populaire ainsi que d’autres partis ont saisi l’occasion pour monter au créneau et jeter en pâture un projet qui aurait pu être mieux défendu et mieux explicité. Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide?
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Jusqu’où peut aller la chaine de télévision publique Watania 1 en matière d’infantilisation du téléspectateur et de non-respect des règles professionnelles les plus élémentaires dans son traitement de l’information, notamment dans son journal du 20h00 ?
L’information, diffusée avec une insoutenable légèreté mardi dernier se basant sur le témoignage suspect d’un agent de la police municipale de la Manouba, sur une hypothétique détection d’un virus de tuberculose dans un centre de collecte de lait, illustre parfaitement la descente vertigineuse de cette chaine dans l’approximatif et l’amateurisme pur et dur.
Ce qui a été annoncé en début du journal est un cas d’école, de ce qu’il ne faut pas faire, de ce qui professionnellement incorrect. Parce qu’on s’est basé sur une information non vérifiée et, de surcroît, sur le témoignage d’un agent qui n’a ni la qualité, ni la compétence d’annoncer au public une information d’une telle gravité. Faut-il se fier à une affirmation d’une personne, qui se prétend être membre d’un syndicat pour prendre tout ce qu’il dit pour argent comptant, pour ne faire aucun effort de recoupement à travers une source fiable?
Le plus aberrant dans tout cela, c’est que la personne en question a trouvé l’occasion propice pour abuser de l’antenne, jouer un rôle qui n’est pas le sien et d’adresser ses flèches à l’administration, la taxant d’inefficacité dans son action de contrôle et de préservation de la santé des citoyens, comme si lui-même n’appartient pas à cette administration, ou que son statut de membre de syndicat l’autorise à avancer de telles inepties et à prendre les journalistes de Watania 1, dans le cas d’espèce, pour des amateurs incapables de discerner le bon grain de l’ivraie. A méditer !