Simple réflexion d’un simple quidam
La république !
Lorsque l’on se promène dans les villes de notre pays, que l’on croise nos concitoyens, que l’on écoute et que l’on partage un brin de discussion avec eux, on très rapidement rassuré sur le fait que nous ne sommes pas seul à ressentir les mêmes émotions et a tirer les mêmes conclusions ou plutôt les mêmes appréhensions. Dans une certaine mesure, cela parait plutôt rassurant, qu’on ne se sente pas totalement aliéné ou hors du temps. Pour autant, les constats, les analyses, les prévisions, les avis et plus globalement le ressenti général, aurait plutôt tendance, à faire froid dans le dos, a vous donner un coup de dépression profonde et une peur tellement forte que vous en avez des contractions dans le ventre.
Ainsi, comme nombre de mes concitoyens, j’utilise le même vocabulaire pour décrire le ressenti quotidien ; Cela va de grosse déprime, à perte de confiance en toute la classe politique, en passant par : colère, fracture générationnelle, trahison, corruption, impunité, collusion, crise grave et profonde, peur, appréhension, résignation à l’inévitable, banditisme, insécurité, contrebande, absence de patriotisme, ingérence étrangère, compromission, nostalgie, envie de partir, grosse fatigue, démission citoyenne, rage, peur de l’avenir, injustice, terrorisme, islamisme, pays bradé, vendu, etc…et les qualificatifs ne manquent pas..
Il semble donc, que chacun d’entre nous, mêmes les plus optimistes et mêmes les plus engagés, ont utilisés au moins une partie de ce vocabulaire pour décrire son appréciation des choses lors d’une discussion, d’un débat ou d’une réflexion. Et ce n’est seulement, lorsque tous ces mots sont mis cote à cote, que l’on prend la réelle mesure des choses et qu’apparait l’ampleur du désarroi des tunisiens.
Une profonde fracture s’est installée entre les tunisiens et la classe au pouvoir (ce ne sont ni des politiques ni des dirigeants), constituée autant par les revanchards, les nouveaux ambitieux, que les anciens revenants. Aucun discours, ni belles paroles, ni argument ni encore moins de promesses, ne pourront plus convaincre. Les omnipotents actuels sont usés, le spectacle auquel ils s’adonnent et qu’ils nous imposent chaque jour, ne fait qu’approfondir le sillon, aggraver la méfiance et augmenter la défiance. L’état est livré aux petits jeux de politicards, aux lobbies financiers et aux intérêts mafieux. L’administration s’effrite et disparait lentement et les fondements mêmes de la république sont mis à mal. Ils semblent tous, sourds et aveugles et ne comprennent pas que le lien, le liant le plus importante du système social républicain est rompue et qu’ils ne sauraient le réparer : « LA CONFIANCE ».
La liberté, la justice !
Les personnes en charge des affaires publiques et les nouveaux professionnels de la pseudo-politique, vous diront que c’est le prix à payer pour atteindre la démocratie et la liberté d’expression et que les choses iront de mieux en mieux, et que le monde va venir à notre chevet pour ce que nous sommes…etc. Leur décalage est tel, qu’ils ne sont même pas conscient qu’ils ne font qu’augmenter la méfiance et le rejet à leur égard.
Les citoyens ont compris ce que les nouveau prétendants et professionnels de la pseudo-politique n’ont pas compris ; à savoir que la liberté ne veut pas dire le désordre et que la démocratie ne veut pas dire l’anarchie et que les mots sont des armes mortelles (ce qui explique que les premières victimes des tyrannies sont les plumes) et qu’ils doivent être maniées avec prudence, précaution et grande vigilance.
La liberté est un bien précieux qui doit être protégé, couvé et constamment entretenu. La liberté n’est pas un acquis irréversible, il peut disparaitre aussi rapidement qu’il a été conquis. Le prix de la conquête de la liberté étant bien plus élevé et plus cher que ce lui de sa perte.
C’est sa fragilité qui fait de la liberté un bien précieux, peut être le plus précieux pour les humains. Paradoxalement, c’est aussi l’extrémisme dans l’exercice de la liberté (l’anarchie) qui est le pire des ennemies de la liberté. L’homme vie en société et afin de prospérer vers le bonheur, il a besoin de sa liberté vitale, sa liberté de pensée et sa liberté d’expression. Toutefois, nous devons accepter que nous sommes tous différents et que nous ne sommes pas tous gentils, honnêtes, bienveillants, altruistes, bons, etc.. Nous ne sommes pas des anges, loin de là et bien au contraire (si non il n’y aurait ni de prisons ni encore moins de guerres), nous sommes simplement des hommes par essence imparfaits et c’est cette vérité finalement acceptée, qui devrait faire, que l’anarchie ne saurait être tolérée. Aussi, pour sauver la liberté et la démocratie, il faudra comprendre en fin de compte et accepter que la liberté individuelle s’arrête la ou commence la liberté collective et surtout là ou commence celle de l’autre !
Ce postulat suppose clairement que l’exercice de la liberté, est basé sur le respect de l’autre et de la liberté de l’autre, ce qui est la quintessence même de l’idéal de la pensée humaine. Vivre en société et préserver l’essence de la liberté, suppose inéluctablement de ne pas faire tout ce que l’on voudrait faire, ni dire tout ce que l’on veut dire, ni imposer tout ce que l’on veut imposer par soit même aux autres ; mais et surtout, accepter le choix majoritaire des autres dans l’espace public, sans rancune, ni haine ni rejet de la société et surtout sans violence.
Nous voyons bien qu’il serait utopique de croire que les hommes pourraient naturellement atteindre ce degré de conscience collective. Et c’est pour cela que l’homme a eu besoin d’organiser la justice et que celle-ci apparait comme la pierre angulaire de la préservation de la liberté et de l’organisation de la démocratie.
Si dans notre pays nous ne faisons pas rapidement attention aux dérives de l’ultra liberté et de l’ultra démocratie (sans en avoir mis les conditions préalables d’exercice), nous risquons rapidement de perdre notre liberté et par la même notre pays. On ne peut permettre, sous le sceaux de la liberté d’expression, de dire que le terrorisme est l’expression de la religion en colère, on ne peut laisser ceux qui sont censés êtres les garants de la liberté, bafouer la loi en relâchant dans la société des criminels ou des potentiels terroristes, on ne peut laisser des contrebandiers et des mafieux imposer leurs volontés à la république, on ne peut laisser des corporations ou des organisations, outrepasser leurs prérogatives et imposer leurs dictats aux choix librement exprimés des citoyens représentés par les élus et les gouvernants. Autans de dépassements qui n’ont rien à voir avec la liberté et la démocratie et qui sont imposés au nom de la liberté et de la démocratie. Continué dans cette voie nous fera perdre inéluctablement notre liberté et notre république.
Relever la tête !
De nos jours, le désarroi et l’inquiétude sont tels, que les tunisiens semblent devenus amorphes, incapables de réfléchir à des solutions, ils semblent tous se résigner à l’inéluctable. Tous les effets d’annonces, les manifestations, les fioritures et les tentatives des gouvernants de provoquer un relent d’espoir, n’y font rien ! Ils ne sont plus crédibles tous autant qu’ils sont!
Cela est d’autant plus grave que le scepticisme semble être devenu la clef de voute de la réflexion des tunisiens. Ainsi plus les biens pensants en rajoute, plus le fossé se creuse et le rejet est profond voire violent ! Cela l’est particulièrement, lorsque la fébrilité, l’approximation et la précipitation des gouvernants, les amènent à commettre des erreurs flagrantes et essayer d’embellir des situations et des réalités catastrophiques (cela finissant tôt ou tard par se savoir) et surtout lorsqu’ils s’évertuent à insulter l’intelligence du peuple.
Pour autant, est-il possible de relever la tête, de se redresser et de reprendre espoir et de mener un dernier combat décisif ? Le pays n’est pas mort, des frémissements sont toujours là, des tunisiens se parlent, se cherchent, se motivent et essayent de réfléchir ! Le seul point commun à tous et la seule évidence qui semble apparaitre aujourd’hui ; est que pour restaurer la confiance et pourvoir réveiller les tunisiens et les amener à l’espoir, il faudra changer toute la classe des dirigeants politiques ! Il faut tourner la page, il nous faudra un nouveau discours de vérité, un discours de courage et de volonté, un positionnement clair sur les principes, sur les choix et les orientations et sur le concept de société que nous voulons bâtir.
Pour relever la tête, il faudra des hommes jeunes, n’ayant rien à perdre et surtout rien à se reprocher, à même de dire les choses, de désigner les tares et les dérives et d’affirmer clairement les moyens de changer les choses, loin des dogmes, des théories, des rêves utopistes et des rhétoriques sur les libertés, les droits, les riches et les pauvres, les classes sociales et les nantis. Pour relever la tête il faudra accepter que nous ne faisons qu’un, que nous constituons un seul et unique corps, que nous sommes tous importants dans ce corps et que lorsqu’une gangrène nous atteins, il nous faut accepter l’amputation, pour sauver puis guérir le corps. Il ne sera point question de contraindre quiconque à quoi que ce soit, il sera question de convainque tous que le bonheur et la prospérité de chacun commence lorsque d’aucun œuvrera au bonheur et à la prospérité de son voisin.
Alors oui je crois qu’il est encore possible de relever la tête, le monde change, plus rapidement que nous ne l’avions prévu, il y a une formidable opportunité pour les hommes et les femmes de bonnes volontés, ils devrons croire en eux même et non plus se mettre au service des gouvernants, ils devrons se parler, se retrouver, se motiver, réfléchir ensemble, se convainque qu’un avenir meilleur pour tous est possible, qu’un pays différent est possible, que le pays peut s’en sortir sans sa classe dirigeante actuelle et que le politiquement correct ne mène à rien. Oui je veux encore croire en mes concitoyens, oui je crois encore que ma Tunisie est grande et tel le phénix elle saura renaitre de ses cendres. Cela ne dépendra que de nous.